AFK ~ Away From Keyboard

AFK ~ Away From Keyboard

AFK

Le numérique rebat les cartes.
Entrez dans le jeu !

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Noob : Figure de l’éternel débutant (à ne pas confondre avec le newbie qui débute réellement). Le noob ne parvient pas à s’adapter aux usages en cours, en dépit d’une pratique régulière. Par extension, désigne celui qui n’est pas à sa place car incapable de comprendre, encombrant retardataire du numérique. Geek : Poligeek, bikegeeks, etc. : cette expertise à la fois profonde et obsessionnelle, née dans un univers marginalisé (électronique, informatique, science-fiction), s’étend désormais à tous les sujets. Rapport passionnel à la connaissance, au risque de l’expertise sans la culture. Troll : Pas d’espace social sans troll, pas d’échange sans le risque d’une déviation systématique et gratuite. Plus l’espace est atomisé, plus le consensus s’affiche, plus le troll s’excite. “Don’t feed the troll”, certes, mais son iconoclasme a (parfois) ses vertus. Hacker : Les performances d’un système ne progressent pas seulement par ceux qui le construisent, mais aussi et surtout par la contribution de ces bricoleurs géniaux qui poussent la bidouille jusqu’à l’exploit. Née avec les premiers ordinateurs, la culture du hacking s’attaque à tous les systèmes. Helper : Figure de l’altruisme et de la gratuité, il met son expertise pratique au service des autres, répondant de façon (presque) désintéressée à l’immensité des problèmes confiés aux moteurs de recherche. Si le web apporte des réponses, c’est parce qu’il est là. Searcher : Nous sommes tous des searchers, faisant de cet acte omniprésent et discret la base de notre rapport au web. Au bout de cette logique, une culture de l’approfondissement, du recoupement et du croisement des sources naît des possibilités d’enregistrement illimitées du web.
Linking : Le lien entre deux personnes, cellule de base du web social, tend à devenir de plus en plus faible au fur et à mesure que les réseaux grandissent. La structure du web (l’hypertexte) devient ainsi le modèle de nos relations sociales. Court-circuit : En rendant tout traçable, en révélant la source de l’information ou l’origine du produit, le web fabrique de l’autonomie et permet des circuits courts. La chaîne de l‘information se recompose en permanence, dans un mouvement perpétuel d’émergence et de disparition des médiateurs. Intelligence collective : Wikipédia ou les logiciels libres sont issus de nouveaux modèles de collaboration. Règles claires, valorisation de l’apport de chacun à son niveau, objectif commun facilitent les collaborations horizontales et volontaires, au service d’un dessein supérieur. Empowerment : La disponibilité de la connaissance portée par tous et l’abaissement des barrières techniques donnent plus de moyens pour savoir, s’organiser et se mobiliser. La capacité d’agir, démultipliée, permet d’exprimer les potentialités de chacun. Open bar : Dans les discussions en mode open bar, on échange les derniers contenus un peu LOL, on papote de tout et de rien : on tisse du lien. Tout lieu d’échange a vocation à tendre vers l’open bar, souvent hors sujet, mais essentiel pour la vie de la communauté. IRL : Fin de l’opposition virtuel-réel : toute communauté construite en ligne se poursuit dans un espace public bien tangible. Les codes de liberté d’association, de liens faibles, et l’ivresse du nombre descendent dans la rue.
Fake : Information montée de toute pièce à des fins d’intoxication, bidouillage photoshop ou email bidon, le fake prolifère par l’échange de pair à pair. La recherche de la vérité, comme la production d’autres fakes, prennent alors l’apparence d’un jeu. Icônes : La multiplication des flux sociaux appelle la réduction de l’expression : l’image est le support idéal des échanges, à la fois rapide et riche de sens. Transformée, copiée, codifiée, l’image vaut mille mots, suscite la discussion, et se duplique aisément à l’infini. LOL : Forme d’amusement siglée en ligne, exutoire bienvenu devenu omniprésent, le LOL (“laughing out loud”), d’expression marginale s’est mué en une attitude quasiment obligatoire. Le fun et le cynisme, autrefois espaces de liberté, tendent paradoxalement au stéréotype. Citation : Culture du copier-coller, la citation permet d’enrichir ou de détourner les discours en ligne. Les contenus ne s’effacent pas. Ils sont repris, découpés, disséqués, disséminés à travers les réseaux, et rediscutés sans fin. Tout ""écrit d’écran"" est constitué de fragments d’autres. 140 : Réduire à 140 caractères. Le standard facilite l’échange. De la contrainte naît la créativité. Factualisme : Motivé par la capacité de vérification instantanée, le régime de la preuve domine. On ne convainc qu’en respectant une précision chiffrée, vérifiable, sourcée. D’où le développement du “fact checking” instantané, comme le souci des conspirationnistes d’inventer ou de déformer des preuves pour soutenir leurs récits.
Pseudonymat : En permettant de masquer sa véritable identité, le pseudonymat individualise les écrits et identifie l’auteur, favorisant un dialogue sans contraintes sociales traditionnelles. Le pseudo s’entretient : loin d’une simple dissimulation, il est l’objet d’un jeu identitaire. Egostream : La vie racontée en ligne – scénarisée, reconstruite, soigneusement mise en valeur. Pas de check-in n’importe où, toujours de l’eau turquoise dans la piscine des vacances… Une ligne éditoriale implicite qui engage son public : se mettre en scène est une affaire sérieuse. Verified : Face à l’invasion de bots, de faux commentaires, de coups de gueule anonymes, le contrôle d’identité fait désormais office de contrôle qualité. Gage d’un web responsable pour les uns, coup dur pour la liberté d’expression pour les autres. Moi quantifié : La vie de chacun augmentée de toutes les données qui le concernent : distance parcourue et vitesse moyenne lors de ses joggings hebdomadaires, quantité de café consommée, optimisation des cycles du sommeil… Le Moi se chiffre, se mesure, pour mieux se partager. Avatar : Photo de vacances, angle sexy, référence culturelle pointue : pour nouer contact, on pioche dans les codes de son milieu, avec un savant mélange de distinction et d’appartenance. Le petit carré de pixels revêt une importance majeure : on n’y touche que pour une raison sérieuse. Hikkikomori : L’hikkikomori a décidé de faire du virtuel son lieu de vie, son refuge. Son refus de la vie AFK – Away From Keyboard – alarme une société angoissée par la rapidité du changement numérique. Epouvantail, il nourrit l’injonction croissante à la déconnexion.
Mémoire vive : Le Web n’oublie rien, ni le direct, ni l’anecdotique. L’archivage est immédiat, conservé dans une mémoire accessible en permanence. Le présent se mélange à un passé qui affleure à la moindre requête. Oldification : Dans le jeu social en temps réel, la course à la nouveauté fait vieillir instantanément la plus jeune des modes et des informations. Quand la reconnaissance vient de la trouvaille, partager un vieux truc fait de vous un vieux con. Flash : L’événement se vit en communion, en temps réel : sa médiatisation en direct est aussi importante que ce qui s’y passe. Du partage instantané de la foule émergent arguments et personnalités, à la vitesse de mise à jour de la page WIkipedia d’une célébrité lors de son décès. Multitasking : Être au four et au moulin, c’est espérer faire fi du temps et figer son accélération. La fin de la concentration, devenue un luxe ennuyeux, inquiète. Avons-nous d’autre choix que de composer avec la multitude ? F5 : Encore un mail ? Recharger la page d’accueil du monde.fr ? Guetter la sortie du dernier iPhone ? F5, refresh, faire glisser le doigt. La fonction d’actualisation permet de rester à la crête du flux, à condition de vivre avec la dépendance au présent éternel. Tiens, 5 nouveaux tweets. Web prédictif : De l’épidémie de grippe à la rencontre d’un(e) inconnu(e), et si tout devenait modélisable par les données collectées ? La généralisation de la prévision comme son accessibilité pourrait la rendre autoréalisatrice, promesse d’un futur en boucle.
  1. Rôles
  2. Interactions
  3. Communautés
  4. Langages
  5. Contenus
  6. Espaces
  7. Identités
  8. Temps
  9. Jokers

À propos

AFK, 52 cartes pour
s’approprier la culture numérique

Le numérique, jeu de forces complexes, rebat les cartes du monde réel. Pour en saisir les grands concepts, les nouvelles figures, AFK propose de jouer avec ! L’expression AFK, issue du vocabulaire des discussions en ligne, signifie l’éloignement du clavier : away from keyboard. Détournée, elle caractérise notre vie, augmentée et transformée en permanence par le digital. Il n’y a plus de sens à opposer online et offline.
Chacune des 52 cartes du jeu évoque une transformation (geek, F5, pornification…), au sein de grandes familles modifiées par le numérique - rôles, interactions, communautés, langages, contenus, espaces, identités, temps.
AFK se manie comme un jeu de cartes classique : on peut faire une partie de « 8 familles », ou un poker. Mais AFK s’utilise surtout quand on cherche une solution intégrant la rupture numérique à un enjeu de communication : le jeu devient un outil de brainstorming. AFK est une allégorie et un outil pour s’approprier le numérique.

AFK, issu du spinlab

Le spinlab est le laboratoire participatif de Spintank, qui explore les ruptures aux frontières du numérique et de la communication en inventant des solutions nouvelles. AFK est sa première production. A partir d’une feuille blanche, et au cours d’exercices créatifs, les 30 personnes de l’équipe de Spintank ont participé à la création d’AFK, d’avril à octobre 2012.

Crédits

Concept et textes : Spintank

Graphisme du jeu de cartes,
du site et développement : Datagif

Tirage des cartes inspiré du travail
de Raphaël Bastide

Photographies du jeu :
Fabrice de Silans